mercredi 17 novembre 2010

Vespa orientalis


Les étranges cellules solaires d'un frelon très électrique

De nombreuses créatures ont su faire du solaire leur ordinaire: des bactéries d'abord, en inventant la photosynthèse, puis des algues, en hébergeant ces habiles pionnières, et bien plus tard d'autres végétaux. Plus surprenant, le feu solaire servirait aussi un… frelon, Vespa orientalis, qui vit du sud-est de l'Europe à l'Afrique de l'Est, jusqu'à Madagascar, en passant par le Moyen-Orient. Sur ces terres ensoleillées, Vespa orientalis use de cellules solaires nichées dans la coriace cuticule qui fait son exosquelette.

Des biologistes avaient bien remarqué que, tandis que les autres frelons de ces contrées s'agitent tôt le matin en général, Vespa orientalis s'active à la mi-journée même dans les mois les plus chauds. Notamment, ses ouvrières transportent les déchets boueux d'excavations incessantes opérées dans la colonie, souterraine, où elles édifient des loges hexagonales. Tant d'agitation au plus brûlant des journées a fini par titiller la curiosité de chercheurs de l'Université de Tel Aviv.

L'exosquelette du frelon est brun avec des parties jaunes. Les zones sombres sont riches de mélanine, pigment présent aussi dans la peau humaine, alors que les jaunes contiennent de la xanthoptérine. Les taches jaunes signalent l'insecte comme venimeux, code répandu dans le règne animal, mais les biologistes Jacob Ishay et Marian Plotkin ont supposé à la xanthoptérine un autre usage. Ayant vérifié expérimentalement qu'elle peut servir à élaborer une cellule solaire, ils ont examiné au microscope la cuticule du frelon, en quête de structures capables de piéger et diriger la lumière. Et de fait les zones brunes sont striées de sillons réguliers, les jaunes semées de bosses ovales. Marian Plotkin l'a constaté: «99% de la lumière qui frappe la cuticule est absorbée». Son énergie est ensuite convertie en courant électrique - faible voltage décelable! Et la biologiste de conclure: «La cuticule de Vespa fonctionne comme une cellule solaire organique».

Ce courant sert-il à l'insecte à activer, dans ses parties jaunes, des enzymes dont l'an dernier Plotkin et Ishay - décédé depuis - ont démontré que leur action, similaire à celle d'enzymes de notre foie, est facilitée par les UV? Cette conversion d'énergie pourrait aussi «aider le frelon à supporter le rayonnement du soleil», suggère Plotkin. En lui laissant de quoi se réchauffer plus tard? Ou alors l'énergie va-t-elle aux muscles des ailes? Car Vespa orientalis démarre au quart de tour après anesthésie si, là encore, il est exposé aux UV. Toutes questions en attente de… lumière. /JLR

JEAN-LUC RENCK

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire